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La Norvège
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7 septembre 2005

Contes et Légendes populaires de Norvège

Trésor du Patrimoine culturel

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Notre patrimoine culturel renferme de nombreux trésors ­ les histoires héritées de la tradition orale constituant peut-être l'un des plus beaux de ces trésors. Même de nos jours, ce genre littéraire est cher au cœur des Norvégiens. Son contenu nous renseigne sur nos racines culturelles et fait partie de notre identité. Les contes et légendes populaires, auxquels s'ajoutent les chants folkloriques, constituent le plus ancien fonds de notre littérature populaire.

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Par Birgit Hertzberg Johnsen

Les contes populaires sont des récits libres, purs produits de l'imagination, qui sont passés de bouche en bouche, défiant des générations de conteurs depuis des temps immémoriaux. Ils dépeignent les relations humaines dans un style flattant le goût du merveilleux et riche de symboles. Comme toute bonne littérature, ils puisent aux sources de la vie quotidienne, mais se tiennent toujours en deça de la réalité ou de ce que le commun des mortels considère comme véridique et raisonnable. Ils franchissent souvent les limites du surnaturel et du prodigieux.

Le style des contes

Les contes ont un style et une structure propre. Ils se caractérisent notamment par une formule introductive. Parmi les plus courantes, relevons « Il était une fois... », « Il était une fois un Roi et une Reine... », ou encore « Au temps où toutes les choses parlaient... ».

De même, les contes se terminent généralement par une formule de clôture qui est souvent un moyen de nous faire quitter le monde des chimères et de nous ramener d'un coup de baguette magique à la réalité. De nombreuses sorties de contes prennent la forme de jeux verbaux et de terminaisons rimées liées par la forme du son évoqué au sens du conte qui précède. La plus simple est « Snipp, snapp snute, så er eventyret ute », soit « Trois petits tours et puis s'en vont, et ainsi finit l'histoire ». La formule finale nous indique parfois ce qui s'est passé après que l'histoire principale se fut terminée : « Et s'ils ne sont pas déjà morts c'est qu'ils sont toujours en vie. », ou bien « Et à ce jour, le moulin à sel repose toujours au fond de l'océan et n'a jamais cessé de moudre, et c'est pour cette raison que la mer est salée. »

La simplification et la schématisation sont courantes dans la littérature populaire. Le conte a un nombre limité de personnages : un roi ou une reine, la fille ou le fils d'un roi, trois frères ou bien trois trolls. Les personnages sont d'autant plus schématiques qu'ils ont valeur de modèles. Askeladden, le Cendrin norvégien, est le plus important de tous. Le jeune garçon commence toujours par être un bon à rien, mais il porte en lui des qualités insoupçonnées qui lui permettent, le moment venu, de réaliser de grandes choses. Il attend toujours l'occasion propice pour apparaître et accomplir ce dont personne d'autre n'est capable. On note aussi que les faits sont souvent simplifiés et que, généralement, seuls deux personnages à la fois y prennent part.

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Le conte donne des descriptions courtes et utilise la technique de la répétition pour tenir le lecteur en haleine et donner plus de poids aux passages importants. Le nombre trois est récurrent. Nous rencontrons trois frères, trois filles de roi et trois trolls. Dans le conte Hvidebjørn Kong Valemon (Ours-Blanc Roi Valemon), un ours ravit les trois filles du roi et les emporte successivement trois jeudis soir consécutifs. La répétiton est souvent accompagnée d'une escalade de l'intensité dramatique : le niveau de difficultés et les dangers croissent chaque fois qu'ils sont mentionnés ; le dénouement de l'intrigue à lieu à la troisième reprise. L'histoire commence sereinement et s'achève sereinement. La justice est toujours rendue avec poésie : il va de soi que le bon est récompensé, le méchant puni, et que tout est bien qui finit bien.

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Les divers types de contes

Les contes peuvent être classés en divers groupes, ou même sous-groupes. Nous distinguons généralement trois groupes princi-paux : les contes animaliers, les contes surnaturels et les contes facétieux.

Les contes animaliers ont pour principaux caractères des animaux domestiques et des bêtes sauvages qui sont doués de la parole. Ils se comportent comme les humains, tout en conservant certaines caractéritiques propres à leur animalité. Les contes norvégiens appartenant à ce groupe mettent essentiellement en scène l'ours, le loup et le renard. Certains des contes les plus célèbres sont consacrés uniquement à l'un d'entre eux.

Plusieurs contes retracent l'origine d'un trait caractéristique de l'animal en question. L'une des histoires les plus connues raconte comment le renard incita l'ours à pêcher avec sa queue à travers la glace, et ainsi le dupa. L'eau gelant, la queue de l'ours resta prise dans la glace et lorsqu'il essaya de la retirer vivement pour ramener un poisson à la surface, il la tronqua... et c'est depuis ce temps-là que l'ours a la queue si courte ! Tout aussi populaires sont le récit sur la façon dont le goupil s'y prit pour voler du beurre, ou l'histoire de la souris grise ­ commensale de l'homme ­ et de la souris des montagnes. La guenon de la fable grecque, qui était si fière de ses petits, s'est muée dans le conte norvégien en alouette de mer.

Quant aux animaux domestiques, ce sont essentiellement le chat, la chêvre et la poule qui ont la faveur des conteurs. Une histoire connue de tous les enfants norvégiens, et qui est particulière à la Norvège, raconte les aventures de trois boucs qui, en chemin pour les alpages afin d'y prendre quelques rondeurs, terrassèrent trois trolls ­ De tre bukkene Bruse (« Les trois Bouquet-la-Barbichette »).

Les contes surnaturels, ou contes féeriques constituent le groupe le plus fourni de la littérature fantastique. Ces contes nous parlent d'un monde de créatures qui ont pour nom géant, dragon, troll et sorcière, et d'êtres humains doués de forces surnaturelles. Ils décrivent également des phénomènes prodigieux : des bottes de sept lieues, des créatures de l'invisible, des nappes qui se déploient et se chargent miraculeusement de mille mets, des montagnes de verre, des châteaux d'or et maintes choses tout aussi fantastiques que merveilleuses. Ils se réfèrent à des événements particuliers : un voyage de sept heures à travers sept royaumes, des gens plongés dans un sommeil de cent ans, ou encore métamorphosés en animaux ou en pierres.

Les contes surnaturels ont une structure particulière. Les événements s'enchaînent en séquences se succédant dans un ordre fixé. Ils commencent par un accident, une perte ou une disparition : une princesse a par exemple été enlevée par un troll. Puis le héros ou l'héroïne sont dotés de pouvoirs fabuleux ou bénéficient d'une assistance surhumaine. Ayant absorbé une potion qui le rend invincible, et en mesure de manier une épée magique, Askeladden parvient à faire tomber toutes les têtes de troll.

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Vient alors la séquence où l'on apprend comment la princesse ou l'héroïne rencontre le prince. Mais, par suite de difficultés, le moment qui les réunira est retardé. Le conte se termine par le triomphe du personnage principal sur l'adversité, ou sur tous ses opposants. Il gagne enfin « le cœur de la prinsesse et la moitié du royaume ».

De nombreux contes surnaturels mettent en scène des trolls, ou ont pour motif des métamorphoses. Ces thèmes, qui font souvent l'objet de chants folkloriques, sont très populaires dans la tradition norvégienne. Les histoires de trolls reprennent fréquemment le thème du jeune garçon qui remporte la lutte contre l'imposteur qu'est le Chevalier Rouge, terrasse le troll, conquiert la princesse et la moitié du royaume en prime.

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Les contes de métamorphoses rapportent que des hommes peuvent notamment se muer en animaux. Østenfor sol og Vestenfor måne (« À l'est du soleil et à l'ouest de la lune ») est le plus connu. Ce conte et autres histoires similaires ont leurs origines dans les légendes grecques sur Amour et Psychée.

Au titre des contes qui ont pour motif central l'accomplissement d'une tâche difficile, nous ne trouvons qu'un seul exemple dans la tradition norvégienne : il s'agit de l'aventure de Manndattera og Kjerringdattera (« La fille du mari et la fille de la femme »). Quant aux histoires prodigieuses telles que Bord dekk deg (Que la table soit servie) et Kvernen son står og maler på havets bunn (Le moulin qui ne cesse de moudre au fonds de l'océan) sont les plus connues des contes folkloriques norvégiens.

Les contes facétieux constituent le troisième grand groupe. De façon générale, les éléments surnaturels reviennent moins fréquemment dans le conte facétieux que dans les autres types de conte. En revanche, on ne trouve nulle part ailleurs une récurrence de prodiges et d'extravagances telle que dans les deux contes suivants : Gudbrand i Lia (Gudbrand sur la colline) et Kjerringa mot strømmen (« La femme à contre-courant »).

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Retour aux origines des contes norvégiens

La prolifération de contes et légendes à travers le monde entier prouve que la tradition orale immortalisée par l'écriture est l'une de nos plus anciennes formes d'expression littéraire. Le mot ævintyr (eventyr en norvégien moderne) emprunté au terme du bas latin adventura, qui signifie « événement qui arrive par surprise », apparaît en vieux norrois au XIIe siècle. On rencontre dans la littérature norroise de nombreux traits ou thèmes empruntés aux contes. Dans le prologue de la saga d'Olav Tryggvesson, écrite par Odd Snorrason , on peut lire que « mieux vaut écouter des sagas que des histoires de marâtre, telles celles que les bergers ont l'habitude de conter. Dans ces histoires, il est impossible de faire la part de la vérité. En outre, il est fréquent que le roi s'en tire plutôt mal. »

La saga du roi Sverre montre également à l'évidence que les contes ou récits analogues sur de méchantes marâtres existaient déjà à l'époque où les sagas furent écrites. Le septième chapitre fait le récit du voyage du roi en Värm-land : « Au cours de ce voyage, le roi a dû endurer les pires difficultés. Cela resemblait fort aux vieux récits sur les rapports des enfants royaux avec leurs méchantes marâtres. »

En Norvège, malgré leur ancienneté, ces récits n'ont pas été écrits avant le siècle dernier du fait que les gens lettrés ne les tenaient pas en haute estime. Même le grand écrivain norvégien du XVIIIe que fut Ludvig Holberg était d'avis que les contes populaires était d'un niveau si puéril qu'ils ne devraient jamais sortir des murs de la « neurserie » ; ils devraient purement et simplement être interdits. L'influence du romantisme allemand allait infléchir ce jugement. Les romantiques virent dans la littérature populaire l'expression la plus manifeste de l'âme du peuple.

Les deux ethnologues allemands, Jacob et Wilhelm Grimm, furent les premiers à se rendre compte que les contes populaires n'avaient pas seulement un intérêt artistique mais qu'ils pouvaient aussi avoir une valeur scientifique. Lorsque les deux frères se mirent à collecter les contes allemands en vue de les publier, le souci de fidélité à la tradition populaire fut le fil conducteur de leurs travaux. Les deux premiers collectionneurs de contes du folklore norvégien, en vue de leur publication, Peter Christen Asbjørnsen et Jørgen Moe, poursuivirent leur tâche dans le même esprit que les frères Grimm.

Les recueils de contes d'Asbjornsen et Moe

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Dès 1840, Asbjørnsen et Moe commencent par publier leurs contes sous forme de petits fascicules. Le premier recueil de contes ne paraît qu'en 1852. L'ouvrage, rédigé dans un style facilement accessible à tous, restitue de façon heureuse et dans un style authentique le contenu des contes. En leur donnant forme, Asbjørnsen et Moe ont concrétisé les contes norvégiens et nous en ont donné une image proche de la réalité quotidienne. Le grand nombre de nouvelles éditions intégrales et de recueils choisis des contes d'Asbjørsen et Moe est devenu l'expression classique de la tradition norvégienne du conte oral. Magistralement illustrés par la suite, ces ouvrages sont représentatifs des divers types de contes norvégiens, non seulement en Norvège mais aussi à l'étranger.

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Leur fidélité aux sources et leur parfaite compréhension de la valeur inestimable des contes font que ces recueils n'ont pas pris une ride. Ils renferment près d'une centaine de types de contes, soit un peu moins de la moitié de tous les contes connus à ce jour. D'un point de vue géographique ils ne reflètent cependant que partiellement la tradition orale norvégienne, car ils comportent essentiellement des contes receuillis en Norvège de l'Est ­ l'Østlandet.

Asbjørnsen et Moe distinguaient nettement de la compilation et de l'écriture des contes l'art de restituer une histoire. Ils s'étaient donné le titre de « Compilateurs et restituteurs ». La restitution impliquait notamment la modification de l'enveloppe linguistique sous laquelle le conte leur avait été présenté. Ils s'efforçaient néanmoins d'en faire une restitution fidèle et les reproduisaient ­ selon leur propres termes ­ « aussi fidèlement que possible de sorte à refléter ce que nous avions entendu de la bouche du conteur... ». La démarche d'Asbjørnsen et Moe consistait à noter succintement la trame de l'intrigue et les répliques, à titre d'aide-mémoire. Ils s'installaient dans une salle de classe avec de bons conteurs, et relataient à leur manière à leur auditoire les histoires qu'ils avaient entendues, comme tout excellent conteur se plaisait à le faire.

Depuis la première parution, leurs contes ont été réédités à maintes reprises, et chaque fois la langue et le style en ont été révisés afin de conserver à l'œuvre toute sa fraîcheur et sa modernité.

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Par la suite, des contes ont été recueillis dans toutes les régions de Norvège et de nombreuses collections ont été éditées, la majeure partie en néo-norvégien ­ seconde langue officielle de la Norvège ­ ou en dialecte. Il existe également un recueil de contes en langue samé (lapon). Mais ces recueils de date plus récente n'ont pas encore réussi à détrôner l'œuvre d'Asbjørnsen et Moe ni par leur popularité, ni par le nombre de leurs lecteurs, et pas plus en Norvège qu'à l'étranger.

Jusqu'à quel point nos contes sont-ils norvégiens ?

Les tentatives faites pour montrer le particularisme norvégien de nos contes ne sont pas toujours très concluantes. Cela est dû à la nature même du conte qui, outre son appartenance nationale, possède aussi un caractère d'universalité. C'est le genre d'expression littéraire le plus cosmopolite qui existe. Les contes sont colportés d'un lieu à l'autre et migrent à travers de vastes régions de la planète. L'étude de recueils de contes d'autres pays révèle l'existence de nombreux traits qui, en fait, pouvaient sembler jusqu'alors ressortir de la spécificité norvégienne.

Il est souvent difficile de faire le départ entre ce qui appartient à la version type d'un conte et ce qui est le fruit de l'évolution du récit dans sa variante norvégienne. Dans une large mesure, tout dépend du style du conteur et du caractère personnel qu'il imprime à la narration.

Le style des contes norvégiens se distingue essentiellement par le caractère objectif de l'écriture. Aussi fantastique soit le sujet, le conteur adopte un style volontiers réaliste. Le cadre et l'atmosphère sont typiquement norvégiens, le roi ressemble à s'y méprendre à un grand propriétaire terrien norvégien et Askeladden, le propre à rien, a tout du fils de métayer. Les illustrations des recueils d'Asbjørnsen et Moe, plus particulièrement les dessins d'Erik Werenskiold, ont donné à nos contes une facture de réalisme et de bon sens paysan toute norvégienne.

Ainsi, les sentiments ne sont que très rarement exprimés dans nos contes, et le narrateur ne manifeste que rarement sa sympathie ou sa commisération pour les personnages. Le style réaliste est avare de détails et les descriptions sont rudimentaires.

Contes et conteurs

Des recherches ont montré que malgré leur qualificatif de « populaires » ou « folkloriques », n'était pas conteur qui voulait. Raconter une histoire exige des dons particuliers, et le conteur peut être en cela comparé à l'artisan. Très peu de conteurs avaient suffisamment de talent pour être capables de raconter des histoires surnaturelles ou des contes féeriques.

Les narrateurs devaient posséder une bonne mémoire et l'art de la narration. Chacun, ou chacune d'entre eux, avait sa touche particulière qu'il ou qu'elle conférait à l'histoire. Un conteur ne raconte jamais la même histoire de façon identique deux fois de suite, et le style narratif varie d'un conteur à l'autre. En conséquence, et par nature, le conte ne peut exister en une version à la fois correcte et unique.

La classe rurale s'est accrochée très longtemps à la vieille culture de la société agraire, et c'est à cette forme de culture que les contes appartiennent. À l'époque où l'on commença de se préoccuper de recueillir les contes, c'est dans les milieux les plus humbles de la société paysanne que l'on trouvait les conteurs. Ils étaient travailleurs journaliers, métayers, domestiques et voyageurs.

Il arrivait qu'il existe un rapport entre le genre masculin ou féminin du conteur et le héros ou l'héroïne du conte. Les conteurs masculins préféraient les histoires dont le personnage principal était un homme. Cela provient très certainement du fait que la narration est une forme d'expression qui permet au narrateur de « se couler » dans un personnage fictif dont il a rêvé d'accomplir les exploits et auquel il peut s'identifier. Par ailleurs, les contes sont également des rêves éveillés, de nature collective. Le conteur trace donc le cadre d'un monde imaginaire dans lequel les auditeurs peuvent aussi trouver leur place.

Les légendes populaires

Les contes constituent une catégorie particulière de la prose populaire et sont par maints aspects proches d'une autre catégorie de cette prose, à savoir les légendes. Mais contrairement aux contes, les légendes exigent que l'histoire ait un rapport avec des faits et décrit les événements de façon à ce que les auditeurs puissent y croire. La légende est en général plus courte que le conte. De plus, elle est soumise à une unité de lieu et de temps.

Dans la littérature régionale ancienne, à caractère historique, nous trouvons à la fois des légendes et des informations sur des légendes. Norske Sagn, le recueil des « Légendes norvégiennes », rédigé par Andreas Fayes et paru en 1833, est le premier essai de publication individuelle des légendes norvégiennes. L'auteur utilisa à la fois des sources orales et des sources

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écrites. Mais il n'est pas arrivé à restituer à travers son style la faconde et l'art du conteur populaire. Dans ses « Contes Fantomatiques et Légendes Populaires » ­ Norske Huldre-Eventyr og Folkesagn ­ , publiés en deux tomes, en 1845 et 1848 respectivement, Peter Christen Asbjørnsen parvint au contraire à rendre ce style narratif avec un art consommé. Sous forme de relation de voyage et de documentaire ethnographique, ces deux volumes contiennent un vaste choix de légendes provenant en majeure partie de la Norvège de l'Est. Depuis, de nombreux autres recueils de légendes de toutes les régions de Norvège ont fait suite aux ouvrages de Fayes et d'Asbjørnsen.

Les légendes mythiques

La nature sous tous ses aspects est une composante des croyances populaires. C'est un thème qui revient également constamment dans les légendes norvégiennes. Encore aujourd'hui, ces légendes demeurent vivaces dans les petites communautés rurales, et certaines sont même connues dans tout le pays. Les légendes inspirées par les phénomènes naturels existent dans tous les pays du monde ; mais un pays rude et à la topographie montagneuse, aussi particulier que la Norvège, était préposé à une tradition orale d'une grande variété. Le paysage est sculpté de structures géologiques aux formes étranges propres à susciter l'imagination populaire. Si une ouverture traverse de part en part un sommet rocheux, comme l'îlot dénommé Torghatten (le chapeau dont on se coiffe pour se rendre au marché), dans la région du Helgeland, il semble qu'une explication du phénomène s'impose ­ ce qui donne naissance à une nouvelle légende.

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Torghatten

Les légendes qui se réfèrent à des êtres surnaturels ou à des esprits comme les vetter sont souvent dites « mythiques ». Les chercheurs crurent d'abord que les êtres surnaturels dont il était question dans les légendes étaient en fait les descendants des anciens dieux, d'où ce qualificatif de « mythiques ». En réalité, une seule légende norvégienne fait référence aux dieux de la mythologie nordique, plus particulièrement au dieu Tor. Non loin du lac Totak, dans le Telemark, se trouve un énorme éboulis de roches, dit éboulis d'Urebø. La légende veut que l'amas de rochers ait été provoqué par Tor lorsqu'il brisa la montagne qui surplombe le site, et que l'avalanche ait rasé une petite ferme qui se trouvait sur son passage.

La littérature populaire traditionnelle offre de nombreuses légendes faisant allusion à des êtres surnaturels. Beaucoup d'entre elles sont liées à la mer, ou évoquent des monstres marins ou lacustres. La plus connue porte sur le gigantesque serpent qui dans des temps lointains hantait le lac Mjøsa. De nos jours, le lac de Seljord est devenu le lieu de prédilection d'un monstre du Loch Ness norvégien ! L'Océan est également habité d'étranges créatures comme le raconte la légende de Draugen ­ le Spectre annonciateur de la mort. Il passe pour le fantôme d'un noyé, ou la personnification de tous les disparus en mer. Draugen est décrit sous l'apparence d'un marin pêcheur décapité et de cuir vêtu. Il navigue sur une moitié d'esquif et se lamente chaque fois qu'une personne est sur le point de se noyer.

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Draugen

Nøkken ­ l'ondin ­ habite les rivières et les lacs. Il est dangereux car il essaye de séduire les gens pour les attirer dans l'eau et, à l'instar de Draugen, il avertit lorsque quelqu'un est sur le point de se noyer. Il personnifie le danger et les désagréments que réserve l'eau. Le peintre Theodor Kittelsen a magistralement représenté l'être malfaisant qu'est l'ondin. Inspiré par plusieurs légendes qui décrivent ses apparitions sous cette forme, il l'a peint notamment sous l'apparence d'un cheval blanc.

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Nøkken

La tradition norvégienne réserve une place importante au génie des cascades, Fossegrimmen le hideux, qui enseigne l'art du violon. Celui qui veut devenir ménétrier doit se rendre à la cascade et porter au fossegrim des mets en offrande. Mais certaines légendes nous apprennent que la tentative peut échouer au moins partiellement si, par exemple, le fossegrim trouve l'offrande trop parcimonieuse. Il se contente alors d'apprendre au candidat violoniste à accorder son instrument, mais non pas à en manier l'archet.

Les montagnes et les bois sont le royaume de nombreuses créatures mythiques. Les légendes évoquent les traces laissées par les trolls, ou les repères dont ils ont jalonné tout le pays. Il arrive que les trolls soient pétrifiés et se confondent avec les rochers, tels Hestmannen, le Cavalier du Nordland, et Vågekallen, le Vieil homme de Vågan. Les empreintes laissées par les trolls sont toujours révélatrices de leur taille, comme en témoignent les formes rocheuses résultant de leurs exploits : Jutulhogget, le Coup de hache du géant de la montagne, dans la vallée Østerdal, ou bien la taille énorme des pierres prétendument lancées par des trolls sur l'une ou l'autre église, ou contre l'un de leurs semblables.

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Hestmannen

Les génies souterrains sont sans aucun doute ceux qui jouent le rôle le plus important dans les légendes norvégiennes. Ils consistent en un vaste groupe de créatures surnaturelles ou vetter, et leurs appellations sont fort nombreuses : bergfolk ou peuple de la montagne, haugfolk ou peuple de la colline, underjordiske, les êtres souterrains, huldrefolk ou les fées des montagnes et des forêts, et les tusser, autre catégorie d'êtres surnaturels vivant sous terre. Leurs racines légendaires les font descendre des enfants qu'Ève a dissimulés à Dieu. Mais ayant découvert la supercherie, l'Éternel proclama que ce qui une fois avait été caché devait une fois pour toutes le rester. Une autre version de leur origine prétend que les êtres surnaturels vivant sous terre sont des anges que le Seigneur a chassé du paradis.

Les créatures surnaturelles souterraines sont en général de moindre extraction que les humains qu'ils envient de vivre « sous le même toit que le soleil ». Elles sont également souvent de moindre taille et s'habillent de bleu et de gris. Leur monde est très semblable à celui des humains : ils élèvent des troupeaux et exploitent des fermes ; sur la côte, ils se livrent à la pêche à bord de navires.

Comme leur nom l'indique, ils vivent dans les entrailles de la terre, ou au plus profond des montagnes, et de nombreuses légendes rapportent qu'on entend parfois la montagne résonner de leur vie souterraine. Il arrive même qu'on les rencontre à l'air libre et que l'on aperçoive leurs troupeaux. Henrik Ibsen puisa abondamment dans ces légendes pour son Peer Gynt.

Les génies féminins des montagnes et des forêts, ou des objets leur appartenant, peuvent surgir dans le monde des humains. Certaines légendes racontent que des hommes ont été mariés à des fées. D'aucuns prétendent être parvenus à s'approprier de précieux objets d'argent, une corne à boire ou une couronne de mariée par exemple, en jetant une pièce de métal sur ces objets, rompant de la sorte le charme sous lequel ils se trouvaient. Nombre de légendes racontent encore l'histoire d'être humains tombés sous l'enchantement de la montagne et disparus à jamais, alors que d'autres ont fini par réapparaître dans le monde réel de leurs semblables.

La tradition légendaire est riche en récits sur les esprits domestiques, les husvetter, qui vivent à la ferme au contact d'une famille, génération après génération. Ils se battent avec les nisser, gnômes des autres fermes, et sont prompts à prendre leur revanche lorsqu'ils ont été l'objet d'un affront. Au demeurant, excellents gardiens, ils surveillent très bien la ferme et les troupeaux, et sont maîtres dans l'art de tresser la queue et même la crinière des chevaux.

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Les légendes historiques

Les sources et les motifs de la plupart des légendes norvégiennes sont d'origine beaucoup plus récente. En fait, le roi Olav Ier Tryggvesson, mort au combat et sanctifié par la suite, est le seul des rois de l'époque médiévale qui soit devenu une figure légendaire dans la mémoire populaire.

Tout le pays parlait de Saint Olav, mais c'est l'aspect légendaire qui prévalait. On raconte que la nature conserve encore des traces de son navire ou de son cheval, qu'il a conféré à de nombreuses sources des pouvoirs surnaturels et qu'il aurait pétrifié les trolls. Il aurait permis la construction d'églises en de nombreux endroits, et aurait même à d'innombrables occasions induit les trolls à en construire pour leur propre usage.

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Les légendes ayant pour thème la « Peste noire », qui s'abattit sur la Norvège en 1349-1350, constituent un deuxième groupe important de légendes médiévales. La Peste noire apparaît volontiers sous les traits d'une vieille femme qui parcourt le pays équipée d'un rateau et d'un balai. Là où elle maniait le rateau, quelques-uns en réchappaient. Là où elle maniait le balai, aucun ne survivait à son passage. Ces légendes constituent en fait une source d'information intéressante sur les effets et l'étendue de l'épidémie.

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La légende de Førnesbrunen de Rauland, dans le Telemark, le cheval qui sans écuyer tirait les cadavres à travers la lande jusqu'au cimetière le plus proche, est particulièrement émouvante. Plusieurs légendes nous apprennent que dans certains hameaux ou dans certaines vallées il n'y avait plus que quelques âmes qui vaillent ­ quand la région n'était pas devenue complètement déserte. L'onomastique nous révèle que beaucoup de noms de lieux ont un lien avec ces légendes. La plus connue d'entre elles, Jostedalsrypa ou « La Perdrix des Neiges du Jostedal », relate la vie d'une fillette restée seule dans la vallée Jostedal, jusqu'au jour où des villageois la découvrent alors qu'elle est devenue aussi farouche qu'un oiseau sauvage.

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Les sagas familiales peuvent être classées dans un troisième groupe. Des sources du XVIIe siècle nous apprennent que les familles paysannes attachaient un très grand intérêt à la généalogie et aux traditions familiales. Erik Pontoppidan, évêque de Bergen, raconte, en 1753 notamment, que les familles rurales « prenaient grand soin de préserver les informations que leur fournissait leur arbre généalogique et transmises par la tradition ». Les légendes généalogiques ont été écrites postérieurement à 1850. Les qualités artistiques des sagas norvégiennes sont loin d'atteindre celles des sagas islandaises. Elles leur sont cependant similaires par le contenu : il s'agit de querelles, de propriétés foncières et de considérations sur les femmes, de meurtres, de vendettas et de hors- la-loi.

Elles mettent en scène les plus grands propriétaires terriens. Nombre d'entre eux sont présentés comme des géants, bannis à la suite d'un meurtre qu'ils auraient commis. Les meilleures sagas claniques et les plus nombreuses viennent des régions intérieures de l'Agder et du Telemark, et des vallées de l'Østlandet.

Quatrième groupe de légendes, celles relatives à l'histoire de communautés rurales, dont la structure est propre à la Norvège ­ le bygd. Elles mettent en scène de hauts fonctionnaires chargés de la police, de la justice et de fonctions notariales, et certains prêtres aux habitudes étranges que les ruraux n'étaient pas près d'oublier. Des membres du clergé en opposition avec leurs ouailles, ou des prêtres réputés pour leurs connaissances de sorcellerie, sont le sujet de nombreuses légendes appartenant à ce groupe.

La légende itinérante

Jamais les ethnologues et autres chercheurs n'ont retenu le caractère d'ancienneté d'un récit pour le classer dans la catégorie des légendes. À une époque cependant, pour la définir, on avait tendance à lier la légende à la notion d'ancienneté, et à prendre en considération son contenu qui mettait habituellement en scène la société paysanne. La structure de la société s'étant, de façon générale, radicalement modifiée en l'espace d'un siècle, la légende traditionnelle s'est elle aussi renouvelée. Prédomine à l'heure actuelle une forme de légende que nous appellerons la « légende itinérante ». Ce genre littéraire est divulgué par les journaux et autres médias. Ces nouvelles légendes ne sont modernes qu'en apparence, en ce qu'elles sont adaptées à notre mode de vie contemporain ; mais en règle générale elles suivent une trame épique traditionnelle.

Nos contemporains croient-ils aux légendes ?

Contrairement aux contes qui se déroulent dans le monde de l'imaginaire, les légendes ont un caractère vraisemblable et font le récit d'événements qui auraient pu avoir lieu. Les études sur ce sujet montrent que certains auditeurs ou lecteurs sont tentés d'y souscrire alors que d'autres se montrent sceptiques. Les légendes se trouvent à la limite entre les connaissances factuelles et les croyances, ou l'imaginaire. Cependant, la croyance ne peut pas entrer dans la définition de la légende car elle est par essence individuelle, et varie donc d'une personne à l'autre. Pour classer un récit dans la catégorie des légendes il convient d'établir des distinctions formelles. La légende est racontée dans un style qui lui confère un caractère véridique : l'histoire est arrivée à une connaissance, elle s'est déroulée dans un lieu déterminé, etc.

Les légendes sont-elles basées sur des événements réels ? C'est une question à laquelle on ne peut répondre que rarement. Le récit donne le sentiment que les faits auraient pu se passer réellement. Mais lorsque le cadre de référence de la légende se modifie, le fondement sur lequel repose la croyance s'en trouve également modifié. Les légendes qui racontaient comment des personnes avaient été attirées dans les entrailles de la terre par des êtres surnaturels pouvaient passer pour vraisemblables auprès des gens aussi longtemps qu'ils croyaient à l'existence de telles créatures. Lorsque ces croyances populaires disparurent, les légendes furent racontées à titre de divertissement sans que l'auditoire n'attachât plus foi à leur contenu.

Les légendes donnent un aperçu de la vision que les conteurs ont du monde. Les chimères comblent les lacunes existant dans le champ des connaissances d'un individu. D'un point de vue stylistique, les légendes ont une forme narrative objective, mais elles sont aussi l'expression des opinions et des valeurs propres au conteur. En outre, du fait quel les légendes reflètent la personnalité des divers conteurs qui les transmettent, une même légende peut avoir donné lieu à plusieurs interprétations, et avoir donc acquis plusieurs significations.

Mme Birgit Hertzberg Johnsen, auteur de cet article, est maître de conférence au Département d'études folkloriques de l'Université d'Oslo.

Rédigé par Nytt fra Norge - mars 1996

Bibliographie de l'auteur:

K. Liestøl: Norsk Folkediktning (Littérature du folklore norvégien), Oslo 1936.
R. T. Christiansen: Norske Eventyr ­ Nordisk Kultur IX (Contes populaires de Norvège ­ Culture nordique IX), Oslo 1931.

R. T. Christiansen & Knut Liestøl: Norske Folkesegner ­ Nordisk Kultur IX (Légendes populaires de Norvège ­ Culture nordique IX), Oslo 1931.
Dimensions du merveilleux/ Dimensions of the Marvellous. Colloque international et interdisciplinaire/ International and Interdisciplinary Congress. Actes ­ Proceedings, Vol. 1-4. Université d'Oslo, Institut d'Études romanes, 23.6 - 28.6 .1986.
(Édition : Juliette Frölich.)

Ouvrages en français

Contes de Norvège - Tome 1,par P.C Asbjørnsen et J. Moe - Edition Esprit ouvert

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« "Le soir venu, elle se couche, et comme les autres fois, un homme vient s'allonger à côté d'elle. Au milieu de la nuit, lorsqu'elle est certaine qu'il dort, elle se lève et allume la bougie. En s'approchant du lit, elle voit alors le plus beau prince qu'on ait jamais vu. il est si beau qu'elle en tombe amoureuse. il lui semble que sa vie va s'arrêter si elle ne l'embrasse pas à l'instant même. En se penchant sur lui, trois gouttes de cire tombent sur sa chemise. il se réveille : - Qu'as-tu fait ? Tu as fait notre malheur ! Si tu m'avais écouté, à la fin de l'année, j'aurais été sauvé. ma belle-mère m'a ensorcelé. Elle m'a condamné à être un ours blanc le jour et un homme la nuit. Je ne peux plus rester près de toi, je dois partir la rejoindre. Elle vit dans un château qui est à l'Est du Soleil et à l'Ouest de la Lune..." Au siècle dernier, plusieurs "folkloristes" , norvégiens dont les plus connus furent Peter Christen Asbjørnsen et Jørgen Moe, exhumèrent de l'âme populaire primitive des contes qui, depuis des temps immémoriaux, se transmettaient oralement de génération en génération. Ces contes connurent auprès du public de tous les âges un immense succès et furent une source inépuisable d'inspiration pour de nombreux écrivains scandinaves comme Henrik Ibsen et H. C. Andersen. » (présentation de l’éditeur)

Traduit par équipe franco-norvégienne sous la direction de Johanne-Magretre Patrix

Contes de Norvège - Tome 2, par P.C Asbjørnsen et J. Moe - Edition Esprit ouvert

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« Tous s'assirent. Il se passa quelques minutes et la plus jeune des princesses dit au garçon : - Halvor, si tu le veux, je peux te nettoyer les cheveux. L'idée lui plut et il plaça sa tête entre les bras de la jeune femme qui se mit à lui lisser les mèches pour en extraire les poux. Très vite, il fut gagné par le sommeil et s'endormit. Voyant cela la princesse lui prit l'anneau lui en mit un autre et dit à ses sœurs : - Tenez-moi bien comme je vous tiens... et faites que nous nous retrouvions au château de Soria Moria. A son réveil, Halvor comprit que les princesses l'avaient abandonné et il se mit à pleurer et à se lamenter. Il était si malheureux que ni les larmes ni les cris ne purent l'apaiser. Ses parents eurent beau faire il resta sourd à leurs prières et il leur fit ses adieux disant qu'ils ne se reverraient sans doute plus car s'il n'arrivait pas à retrouver celles qu'il cherchait la vie ne vaudrait plus d'être vécue."

Au siècle dernier, Asbjørnsen et Moe exhumèrent de l'âme populaire, norvégienne des contes qui, depuis des temps immémoriaux; se transmettaient oralement de génération en génération. Venus d'Inde, d'Egypte et d'ailleurs, ces contes s'étaient si bien adaptés à l'esprit du pays qu'ils avaient fini par renvoyer l'image même de ses paysages, de sa langue, de ses mœurs et de ses mentalités. Dans ce deuxième volume, riche en nouvelles aventures ; nous retrouvons les trolls à trois, six ou neuf têtes, des jeunes filles ensorcelées, et les frères Per, Pol et Askeladd. À la fois paresseux, rusé, aimable et serviable, ce dernier ne perd jamais de vue que la bonté calculée peut être payante et rapporter la main d'une princesse et la moitié d'un royaume. » (présentation de l’éditeur)

Traduit par équipe franco-norvégienne sous la direction de Eva Berg Gravensten

Troll et autres créatures surnaturelles dans les contes populaires norvégiens
par Virginie Amilien - Edition Berg international

Le troll, et les autres créatures extraordinaires des contes norvégiens, ont toujours fasciné sans que l'on connaisse pourtant leur nature véritable. Ce livre propose de partir à la découverte de ces êtres surnaturels afin d'en connaître les aspects, les caractéristiques, les nuances, mais aussi les origines, les multiples significations de leur existence ainsi que leurs influences sur la vie quotidienne. En se fondant sur le merveilleux en Norvège, l'auteur a pu relever quantité d'informations, particulièrement sur le troll, ce qui lui permet de proposer une classification et une description des créatures surnaturelles. Issues des perceptions populaires, de la mythologie et des religions anciennes, teintées par la suite de christianisme, puis marquées par l'utilisation nationaliste du folklore, elles ont traversé les siècles.

Les évolutions culturelles et sociales portent les traces de leur passage et on constate à travers ces créatures une relation fondamentale avec l'Au-delà, la notion de l'âme et celle du destin humain. Leur existence reflète les croyances religieuses populaires avec ses rites et s'exprime par un symbolisme que l'on retrouve tant dans la vie quotidienne qu'au niveau des contes. Le entité mise en valeur à l'époque nationale-romantique, s'est détaché, nettement des autres antagonistes de la mythologie. Il a évolué de manière telle qu'il est devenu un véritable concept. Témoignant de l'importance des créatures surnaturelles dans la tradition norvégienne, il est devenu un symbole du pays au point de représenter certaines valeurs sociales et morales.

Préface de Régis Boyer

« Huttetu ! Ça sent le chrétien ! s'exclame le troll du château de Soria Moria en essayant de pénétrer dans son immense cuisine où se restaure un pauvre mousse en compagnie de la princesse qu'il retient prisonnière... À trois, à six, à neuf et même à douze têtes, les trolls rôdent, toujours à l'affût d'un homme à dévorer. Car, dans les contes norvégiens, l'univers viking et l'univers chrétien se superposent. Les Trolls descendent des géants mythiques que combattaient Odin et les anciens dieux scandinaves, nous explique Nils Ahl, et face à ces créatures aussi puissantes que laides, les chrétiens, les Askeladd et les Halvor, jeunes mousses, paysans, voire bons à rien ne pèseraient pas lourds s'ils n'étaient armés de la ruse et du courage qui caractérisent les héros des contes. »


troll


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Commentaires
L
Très intéressant merci pour ces informations et textes. Je suis à la recherche d'un livre de Scott Gabriel Jensen Sølvfaks Who Went out into the Wide World. 1912. Livre pour enfant dont le héros principale est un chat. Il semblerait que le texte fasse une description du chat norvégien des bois. Savez-vous comment je pourrais orienter mes recherche à propos de ce livre ?
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